À l’heure où de nombreuses organisations peinent encore à se lancer, la Ville de Gand s’est déjà pleinement investie dans l’IA depuis 2 ans. La mission était claire: poser d’abord des bases solides en instaurant une culture qui incite les gens à expérimenter l’IA de manière sûre et durable. Pour passer ensuite à la vitesse supérieure.
Nous avons interrogé Liesbet Vandewalle, experte en RH à la Ville de Gand, sur le rôle clé des ressources humaines dans cette approche.
participer au processus décisionnel
Ce qui rend l’approche de la Ville de Gand fondamentalement différente? Liesbet estime que la mise en œuvre de l’IA dans une organisation ne doit pas être confiée uniquement au département informatique. Il est logique que les problématiques numériques aboutissent automatiquement dans ce service, mais l’évolution de l’IA est d’un tout autre ordre: elle est beaucoup plus profonde, plus large et elle impacte l’organisation tout entière.
“Nous constatons trop souvent que l’IA devient l’affaire du service informatique. Or, l’IA ne se résume pas à de l’informatique”, explique Liesbet. “Il s’agit d’une transformation qui concerne toute l’organisation. Assurez-vous donc que les RH participent au processus décisionnel, car il est essentiel d’obtenir l’adhésion de vos collaborateurs. Et les RH savent bien mieux que l’IA comment y parvenir.”
L’IA ne se résume pas à de l’informatique. C’est une transformation qui concerne toute l’organisation. Et pour la mener à bien, les RH doivent participer au processus décisionnel.
expérimenter l’IA autant que possible
Il ressort clairement de l’approche de la Ville de Gand que les ressources humaines ont été impliquées dès le début du processus décisionnel.
“Bon nombre d’organisations se ferment à l’IA ou en limitent l’utilisation par crainte des risques. Mais ce faisant, elles risquent justement de se voir confrontées à une IA fantôme, c’est-à-dire l’utilisation d’outils d’IA à l’insu de l’organisation, parce que les collaborateurs finiront tôt ou tard par faire appel à l’IA. Et l’organisation n’aura alors plus aucune visibilité sur ce qu’ils en font”, prévient Liesbet.
“Nous encourageons nos collaborateurs à expérimenter autant que possible les outils d’IA et leur fournissons les directives et l’encadrement nécessaires pour le faire de façon responsable, sûre et durable.”
maîtrise de l’IA pour tous
Liesbet souligne qu’elle tient à impliquer tous les collaborateurs dans cette démarche, pas seulement ceux qui occupent un poste administratif.
“Nous souhaitons mettre tout le monde dans le bain: non seulement les employés, mais aussi nos ouvriers”, précise Liesbet. “Il serait faux de prétendre que certains collaborateurs n’auront pas besoin de l’IA. Même ceux qui consignaient autrefois les dégâts occasionnés aux chaussées à l’aide d’un crayon et de papier, par exemple, disposent aujourd’hui d’iPads équipés d’une assistance IA pour enregistrer l’état des routes dans la ville. Pour eux non plus, l’IA ne doit pas constituer un obstacle.”
Cette vision inclusive de la Ville de Gand se traduit par une offre de formation qui tient compte des différents parcours et besoins:
- une brève session d’introduction de 2 heures pour définir la notion d’IA
- une formation aux prompts pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet
- une formation d’un jour pour apprendre à écrire avec l’IA
- des vidéos et micro-apprentissages faciles à assimiler pour les moments creux
- des déjeuners-conférences donnés par des intervenants internes et externes
Nous tenons à ce que tous nos collaborateurs soient impliqués dans la démarche. Il serait faux de dire que certains collaborateurs n’auront pas besoin de l’IA.
politique en matière d’IA et équipe centrale
La Ville de Gand travaille également à l’élaboration d’un plan stratégique clair pour l’utilisation de l’IA. En plus de développer une mission et une vision, elle a constitué une équipe centrale – dans laquelle les RH occupent une place – chargée de traiter les questions stratégiques et opérationnelles liées à l’IA, ainsi que d’évaluer les cas d’utilisation de l’IA.
“Nous avons mis au point une politique en matière d’IA et défini nos directives sur base de celles des autorités flamandes”, précise Liesbet. “Pour les RH aussi, nous formulons des réponses à des questions telles que: jusqu’où voulons-nous aller avec l’IA? Qu’allons-nous automatiser et où laisserons-nous impérativement la main à l’humain? Le fait de rendre ces choix explicites clarifie les choses et instaure la confiance.”
H2: projets pour l’avenir
La Ville de Gand nourrit également des projets ambitieux pour l’avenir.
“Nous prévoyons de réaliser une analyse du déficit de compétences dans l’ensemble de l’organisation à l’aide d’un outil d’IA existant”, annonce Liesbet. “Aujourd’hui, l’insuffisance de données fiables demeure un obstacle, mais un nouveau système RH devrait permettre de concrétiser cela d’ici quelques années.”
“Nous entrevoyons également le rôle majeur que jouera l’IA dans un avenir proche en matière de planification stratégique des effectifs. L’organisation envisage par ailleurs de mettre sur pied un groupe de travail éthique sur l’IA.”
En ambassadrice passionnée de l’IA, Liesbet conclut notre rencontre par cet appel:
“Vous ne pouvez pas demander à vos collaborateurs de vous suivre si vous restez vous-même sur la touche. Informez-vous sur les possibilités qui existent. Prévoyez du temps pour expérimenter: testez un outil, créez un avatar, analysez un ensemble de données, réalisez une carte mentale, discutez des défis qui vous tracassent, créez un podcast, jouez avec des prompts. Ces actions peuvent sembler insignifiantes, mais elles vous apporteront à la fois les pistes de réflexion, la confiance et les pièces de puzzle dont vous avez besoin pour prendre part à la gestion de cette transformation.”
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