l’IA au service des RH: des frustrations naissent les opportunités
L’IA suscite encore régulièrement de l’incertitude, voire de l’angoisse. C’est surtout la crainte de la perte d’emploi qui continue à en éclipser les nombreuses possibilités. La réalité est pourtant plus nuancée que cela: l’IA crée aussi des opportunités. Elle ouvre la voie à de nouvelles fonctions, à des processus plus efficaces et elle élargit le champ des talents humains. C’est dire si l’intelligence artificielle offre un potentiel énorme en matière de ressources humaines.
Jan Verbieren, de Randstad Digital, a transposé Les 7 habitudes des gens efficaces de Stephen Covey dans un contexte d’IA. Résultat: une série de directives concrètes qui nous aident pas à pas à tirer un réel avantage de l’IA. Nous l’avons rencontré.
on demande: frustrations à haut potentiel
Dernièrement encore, le MIT a publié un rapport révélant que 95% des projets pilotes d’IA générative dans les entreprises ne généraient pas de rendement mesurable. Cette étude démontre à quel point les entreprises ont du mal à adopter l’IA. Tout le monde semble se l’approprier, mais les véritables succès se font encore attendre.
C’est la raison pour laquelle Jan prône avant tout la simplicité. “Commencez petit. L’IA ne doit pas être forcément complexe. Sa plus grande vertu consiste en général à éliminer les petites frustrations reconnaissables. Je les appelle les FROP: des frustrations que l’IA permet de convertir en opportunités”, explique Jan.
“C’est dans les sources d’irritation que se trouvent généralement les plus belles occasions de progrès. Le premier exemple qui nous vient à l’esprit, ce sont les tâches administratives. Mais aussi des opérations telles que la première évaluation des CV, la planification manuelle ou encore la recherche de profils dans différents systèmes. Les petites contrariétés coûtent beaucoup de temps et d’énergie.”
place à l’analyse
Jan prévient toutefois: les RH ne doivent pas attendre de l’IA qu’elle leur apporte des solutions magiques et instantanées. La magie n’opère, selon lui, que si chacun prépare le terrain.
“Les FROP apparaissent lorsque vos processus, votre organisation et vos données ne sont pas en équilibre”, poursuit-il. “Posez-vous les bonnes questions: qu’est-ce qui me contrarie? Qu’est-ce qui dérange mes collaborateurs? Quelles sont les tâches répétitives qui sont énergivores? Qu’est-ce qui agace mes clients internes? Identifiez ces frustrations, classez-les par ordre d’impact et de faisabilité et impliquez vos collaborateurs dans cette analyse. En effet, l’IA n’est jamais une fin en soi mais une aide au service de votre équipe.”
La magie de l’IA n’opère que si l’on pose les bonnes bases: identifier les frustrations, établir des priorités et impliquer ses collaborateurs.
brisez vos fausses certitudes
Jan met également en garde contre les croyances limitantes qui s’insinuent dans ce travail. Les humains sont des créatures pétries d’habitudes et avides de présupposés qui rendent tout plus prévisible. Or, selon lui, ce sont précisément ces évidences – qui ne sont par essence jamais remises en question – qui recèlent les plus grandes opportunités.
“On a toujours fait comme ça.” “Cela fait partie du processus.” Ou encore: “Impossible de faire autrement, on a déjà essayé.” Autant de déclarations qui, selon Jan, révèlent l’existence de ces fausses croyances. “Organisez des ateliers pour inviter les équipes à examiner les processus sans se mettre des obstacles. C’est souvent là que résident les plus grandes opportunités d’innovation.”
Les fausses certitudes bloquent l’innovation. Ce sont précisément les évidences jamais remises en question qui recèlent les plus grandes opportunités.
la magie vient de vous
Vos FROP et vos priorités sont claires? Il n’y a plus qu’à les mettre en pratique. Mais là encore, la prudence est de mise.
“L’IA est souvent présentée comme très simple à mettre en œuvre avec des solutions prêtes à l’emploi – il suffit d’acheter et d’installer –, mais celles-ci créent rarement l’impact souhaité. La mise en œuvre de l’IA nécessite généralement de concevoir et tester soi-même les solutions avec intelligence et par étapes”, insiste Jan.
“Pour les solutions simples de mise en route, vous pouvez expérimenter avec des outils tels que ChatGPT, Claude ou Gemini. Commencez par une preuve de concept, testez-la auprès d’un petit groupe et ne passez à l’échelle et à la vitesse supérieures qu’en cas de succès avéré. Dernier détail très important: envisagez toujours d’éventuels dérapages, veillez à la sécurité de vos données (RGPD) et gardez à tout moment le contrôle de vos données.”
H2: un outil, pas un objectif
Les solutions d’IA ne sont pas des gadgets. Pour Jan, elles doivent faire concrètement la différence sur au moins un des plans suivants:
- offrir un avantage stratégique
- réduire les coûts
- augmenter le chiffre d’affaires
- contribuer à la licence d’exploitation (conformité au RGPD, ESG,...)
Résumons-nous: en commençant petit, en transformant les frustrations en opportunités et en engendrant pas à pas des avantages à court terme, vous concrétiserez rapidement les atouts de l’IA et obtiendrez ainsi sans délai le soutien nécessaire pour déployer les solutions à grande échelle. Mais agissez toujours avec les précautions nécessaires: impliquez vos collaborateurs, respectez la vie privée et les réglementations, et gardez toujours le contrôle humain sur les décisions importantes.
Le message de Jan est clair: restez simple, restez humain, utilisez l’IA si elle fait réellement la différence et n’oubliez jamais que c’est la technologie qui est au service de l’être humain, et non l’inverse.
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